Jean-Baptiste Roussel

Jean-Baptiste est lui aussi un résilient, un courageux, un amoureux des mots et sans doute voit-il aussi la vie avec humour et que tous ces petits ingrédients lui ont permis de dépasser cette épreuve!

Je vous ai déjà parlé de son livre AVC…Prêt, repartez ! Un titre évocateur bien sûr et qui montre bien toute la force et la volonté de ce patient qui ne rêvait que de courir à nouveau!

Voilà son témoignage :

1) Quel âge as-tu ? Comment te présenterais-tu ? Que faisais-tu avant d’avoir un A.V.C. ? ( De quand date cet accident?)

J’ai 49 ans. Je suis père de quatre garçons entre 16 et 22 ans. Je travaille dans les ressources humaines. J’ai fait un AVC au cervelet droit le 7 octobre 2021. C’est arrivé subitement sans signes avant-coureurs, sans prédispositions particulières. Je fais partie des 30% des AVC qu’on ne sait pas vraiment expliquer.

2) Quel a été ton parcours après ? L’hospitalisation, la rééducation, les séquelles aujourd’hui…

J’ai été hospitalisé pendant 10 jours en soins intensifs puis j’ai passé près de deux mois ensuite en centre de rééducation. Je suis sorti de l’hôpital le 10 décembre 2021. Mes principales séquelles au départ : paralysie des membres droits et pertes de l’équilibre, gros œdème et mal de tête,  diplopie, pertes de sensibilités (froid / chaud notamment) des membres et du flanc gauche. J’ai eu un super accompagnement au centre de rééducation, durant lequel j’ai fait beaucoup de progrès.

J’ai eu ensuite un temps de rééducation à la maison pour continuer à me reconstruire physiquement (3 séances de kiné par semaine) et psychologiquement. Le retour à la maison n’est pas si simple. C’est là qu’on prend plus conscience du tsunami qu’est un AVC. Il ne faut alors pas rester seul, en parler à d’autres, sans trop faire porter cela à vos proches, qui ont besoin aussi de reprendre le cours de leur vie.

J’ai repris le travail à mi-temps en mai puis à plein-temps depuis le 1er septembre. Les séquelles que je garde sont « invisibles » : la fatigue et la résistance au bruit, des troubles sensoriels côté gauche (je rentre plus facilement dans l’eau froide !), la diplopie (j’ai des lunettes mais je n’ai pas encore retrouvé un confort visuel), des troubles ligamentaires (je marche normalement mais j’ai l’interdiction de courir ce qui est un vrai deuil à faire).

3) As-tu réfléchi à ce que tu faisais avant et ce que cet « accident de parcours » a changé pour toi ?

Ce que ça change c’est qu’en effet, il faut apprendre à bien écouter son corps et sa batterie interne. Je relativise plus (je supporte encore moins de voir les gens s’énerver pour des choses qui n’en valent pas la peine). J’essaie de ne pas trop prendre sur moi, de ne pas trop prendre à cœur les choses. Je sais aussi que je suis plus irritable avec des sauts d’humeur (notamment lorsque je suis confronté à mes limites post-AVC).

Ce qui a changé sans doute aussi c’est que je ne veux plus me « prendre la tête ». Je me sens comme libéré d’une pression qu’on se met ou qu’on nous met. Je pense que j’ai une capacité nouvelle à moins subir. J’ai une arme secrète. L’AVC peut m’aider à réguler.

Ce que je veux enfin, c’est faire de ce coup du sort une aubaine, c’est-à-dire d’en profiter pour prendre des virages, pour faire des choses, que je n’avais pas faites ou que je n’avais pas pu ou osé faire avant.

4) Tu as relaté ton parcours dans le livre « AVC ? Prêts ? Repartez ! ». Tu as touché beaucoup de personnes même que tu ne connaissais pas (comme moi), maintenant que tu as repris le travail, comment te sens-tu?

J’ai eu besoin de dire les choses, de « purger », de parler de ce qui m’arrivait, de prévenir, de montrer que c’était un coup d’arrêt mais que tout ne s’arrêtait pas. J’ai essayé de laisser libre cours à mes sentiments et émotions. C’était aussi une manière de ne pas me couper, de garder contact.

De retour à la maison, je me suis inscris à un atelier d’écriture. Et puis je me suis dit que j’allais faire un livre. Cela me faisait un projet. Cela me portait. Cela me motivait. J’ai eu des contacts avec des kinés, avec des médecins, avec d’autres patients.

J’ai découvert des personnes qui se battent, qui prennent des initiatives, qui restent positifs (dont toi !). Et cela m’a aidé. Je ne voulais pas être victime. Je voulais aller de l’avant. Je ne voulais pas me plaindre. Je voulais garder espoir, garder l’humour. Je voulais témoigner. Et j’ai découvert que beaucoup de gens méconnaissaient l’AVC et ses conséquences.

Je sais que j’ai aussi de la chance car j’ai récupéré beaucoup de choses, notamment l’équilibre. Je n’ai par ailleurs pas eu de problèmes de diction, de mémoire.

5) Quels sont tes projets ?

Mes projets c’est de m’impliquer dans la prévention dans les entreprises, sans chercher des responsabilités. L’objectif est de dire, sans tabou, que cela peut arriver sur un lieu de travail et qu’il faut savoir reconnaître un AVC. C’est aussi de mieux faire connaître les séquelles pour permettre de réintégrer des salariés dans les meilleures conditions. C’est enfin d’essayer de le faire de façon dynamique. A ce titre je vais essayer de me mobiliser dans le cadre de l’action « Ensemble contre l’AVC ».

Je veux aussi mettre en valeur tous ces gens, notamment jeunes, qui se battent contre des AVC. J’ai raconté mon histoire. Mais cela me plairait d’en raconter d’autres.

J’aimerais aussi continuer à écrire. L’AVC m’a permis d’aller au bout d’un projet. Pourquoi pas continuer ?

Je veux reprendre place dans mon métier. Ne pas être en dehors du monde. Reprendre place puis réfléchir à d’autres façons de faire, à d’éventuelles d’autres orientations.

Je souhaite enfin retrouver une activité physique compatible avec ma nouvelle situation. Je ne peux plus courir. Mais il faut que je trouve une autre activité. Je vais travailler avec un kiné du sport pour cela.

MERCI Jean-Baptiste pour ce témoignage! Notre histoire est différente mais nous avons tellement de points communs! J’ai été contente de vous présenter ce nouvel ami nantais! (Oui, j’ai une histoire particulière avec Nantes et des ami(e)s chèr(e)s… Ils se reconnaîtront! ) Bref, nos histoires comme un symbole de résilience et d’espoir!

Pour la petite histoire, Jean-Baptiste vient de m’annoncer qu’il avait pu avec les encouragements de son kiné eu le droit de courir à nouveau! Comme quoi! AVC, Prêt? Repartez!