Passer un cap

Quitter l’H.D.J., le centre de rééducation, c’est passer un cap, un passage, quitter un environnement rassurant, doux et moelleux. Tu évolues avec tes compagnons avec des handicaps, des pathologies, des séquelles différentes depuis des mois, mais vous avez un point commun : l’espoir!

Dans ce cocon, pas besoin d’affronter le regard ( parfois inquisiteur) des autres, pas besoin de devoir faire semblant d »aller bien ou d’avoir peur de ne pas avouer la fatigue liée à des séquelles invisibles…Vous êtes un peu dans le même bateau, peu importe lequel du moment que ce ne soit pas le Titanic!

Alors, bien sûr, tu relativises beaucoup : tu vas TRÈS bien, ça aurait pu être tellement pire! Tu penses que tu dois remercier le ciel, ton corps, ton tempérament, ta combativité mais aussi accepter un temps d’être plus fragile (et non faible! Les mots ont leur importance! ), moins active, plus lente et prendre le temps de respirer…Tu pensais être un peu fragile comme une personne âgée mais tu y reviens et te dis un peu fragile comme une femme enceinte. Tu ac besoin de ce temps encore pour prendre soin de toi, prendre soin de ce bras, de cette main comme d’un nouveau-né… En affrontant un peu les tempêtes de tes émotions et avancer…

Te voyant comme celle d’avant, on te demande souvent si tu as repris le travail. On te voit reconduire, on pense que tu es à nouveau capable de tout affronter! Non, celle d’avant est encore en sommeil… Ce n’est pas une plainte, loin de là, tu vas TRÈS bien… Affronter le regard des autres restent une nouvelle affaire en revenant dans une vie loin de l’H.D.J… C’est pour ça que tes derniers jours sont teintés de nostalgie. Tu sais que tu quittes une équipe géniale et que tu tournes une page, tu inspires encore un peu cet univers, tu te créés des souvenirs et tu les gardes comme un trésor…Ton trésor…