Ma psy (Ma neuropsy…)

Le soutien psychologique fait partie de la rééducation et 3 mois après j’ai encore besoin de ces deux séances par semaine, je m’y accroche, elles m’aident. Ce n’est pas un signe de faiblesse d’avouer que ça ne va, c’est une force de le reconnaître

Quand tu fais un A.V.C. , tu sais que ton corps a connu une « coupure de courant » , « un moment où ça a disjoncté « , il y a des preuves, des indices…Ton hémiplégie, ta lenteur, ta fatigue…Mais on ne voit pas ce tsunami de sentiments, cette tempête sous ton crâne, ces montagnes russes émotionelles…On ne le voit pas parce que tu veux être forte, tu ne veux rien laisser transparaître pour ne pas inquiéter, pour soulager…Mais les vrai(e)s le savent, ils tiennent comme toi…

Alors quand la neuropsychologue du service vient te chercher après ta séance d’orthophoniste, tu ne refuses pas parce que tu es peut être fatiguée…Non tu l’attends depuis quelques jours, vous repassez juste par la chambre pour prendre ton carnet où tu écris. (Carnet que tu n’utiliseras pas mais au cas où, sur le moment c’est ton doudou…Il te réconforte…)

Les larmes arrivent dès que tu t’assoies… ( Ce à quoi tu viens d’échapper, l’inquiétude de tes proches, l’amour que tu as pour eux et qui déborde, ton avenir incertain, la peur, la vie, la mort,le handicap etc…)

La neuropsy a un visage doux derrière son masque, tu as tout de suite confiance, elle t’explique simplement le choc traumatique : le cours de la vie avant l’A.V.C., le choc, le moment M symbolisé par une croix et la vie qui reprend sur une autre ligne… La vie sera forcément différente, il va falloir apprendre à vivre avec,l’ accepter… Elle sera là, elle, ou peut-être ou son collègue au centre de rééducation fonctionnelle où l’on vient de t’annoncer qu’on allait te transférer l’après-midi même.

Ce n’est pas parce que tu souris, que tu ris, que tu es toujours de bonne humeur que tout va bien…(l’A.V.C. t’aura épargné les sautes d’humeur sauf en cas de fatigue extrême…)

Quand après quelques semaines de suivi, ta neuropsy te demande conseil pour accompagner au mieux sa fille qui est scolarisée en C.M.1 . C’est la classe que tu as depuis 15 ans, vous échangez, tu t’enflammes à parler de pédagogie, à lui expliquer comment un élève de C.M. acquiert l’orthographe…Tu es émue, cette psychologue te considère professionnellement, tu n’es plus l’espace de quelques minutes une patiente mais tu redeviens maîtresse… Elle te fait confiance, tu peux lui donner toute la tienne…